· 1993
· 2003
Conrad, pour moi, c'est le romancier. Je pense à lui comme à un bienfaiteur personnel. Jorge Luis Borges Voyage en admiration sur les pas d'un orphelin de seize ans, pilotin à Marseille, apprenti matelot. Ça compte, l'adolescence, dans la vie d'un tel écrivain. Né russe dans l'Ukraine colonisée, Conrad écrivait en anglais. Mais ses biographes polonais ou anglo-saxons négligèrent les années françaises. C'est le contraire, ici. L'Ile Grande, la Bretagne, le golfe d'Hyères, Ajaccio et le Cap Corse, Montpellier et Marseille, surtout, vont occuper l'existence de Joseph Conrad. Jusqu'à la fin, il va clamer sa «méditerranéité» contre l'absurde «slavisme» qui vient souvent sous la plume paresseuse des sédentaires. On évoque aussi l'oeuvre de l'«écrivain de la mer», alors qu'il n'aimait pas Stevenson, raillait Melville. C'est dans Flaubert, Stendhal, Daudet et Proust qu'il puisa sa vigueur inquiète. Cette équipée littéraire est le fruit d'une errance qui commence sur le Vieux-Port de Marseille et se clôt dans l'aile négligée du cimetière de Cantorbery. Hommage à l'écrivain capital. Qui inspira la manière de Bruce Chatwin, l'univers de Francis Ford Coppola. A l'écrivain moderne. Pour une époque humiliée, barbare. A.D. Né en 1946, Alain Dugrand a écrit avec Anne Vallaeys la trilogie à succès des Barcelonnettes en 1983. Ont suivi une douzaine d'ouvrages, romans et essais littéraires qui lui ont valu les prix Roger-Nimier, Paul-Léautaud et Louis-Guilloux.
· 2001
L'air de rien, le rhum-limonade était plus sec que le mandarin-seltz.... C'est le roman de quelques saisons drolatiques en province, à Villeurbanne et ailleurs. D'un côté, un morceau de famille soumis ; de l'autre, un clan d'aventuriers dominé par l'éclairante figure de Jean la-Gueule-en-or. Entre deux séjours à l'ombre, l'irrégulier se fait placer de coûteuses prothèses dans la bouche.... Le récit d'une adolescence qui hésite entre le retrait paisible d'un père « pupille de la nation » et les tribu-lations d'une tribu brindezingue. A l'époque, on disait encore « classe dangereuse ». Ou « famille tuyau-de-poêle ». Quelles fripouilles que les honnêtes gens ! Dilemme : devenir mouton noir ou loup malin ? Dans la vie comme dans les romans, rien de ce qui était inscrit n'arrive. Notre héros dévie, s'installe en marge, au hasard, dans une parenthèse entrouverte. Cinquante années de rigolades, en se moquant des aléas de l'Histoire, du mol choc des révolutions. Jouant de la paresse, des erreurs d'aiguillage. Voyage ininterrompu avec un amour fou pour la littérature. Rhum-Limonade, comme deux petites notes d'une rengaine de Mouloudji : « J'ai pas tué, j'ai pas volé ». Le roman d'un demi-siècle dédié à ceux qui n'auront jamais d'histoire : escrocs, demi-sel, irréguliers. Ecrit dans l'admiration de La Jument verte et des Fleurs bleues. Par l'un des inventeurs de Libération. Alain Dugrand est coauteur avec Anne Vallaeys de la trilogie fameuse des Barcelonnettes. Il est lauréat des prix Roger-Nimier, Paul-Léautaud et Louis-Guilloux.
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· 2006
Pendant dix ans, Alain Dugrand a sillonné l'Asie centrale, cette zone de fracture où se joue peut-être l'avenir du monde, dans les décombres de l'Empire russe. Mais plutôt que d'asséner de péremptoires synthèses, l'auteur a préféré flâner dans les bazars et les ruelles, s'abandonner à l'inattendu, tendre l'oreille aux mille voix de la rue, sans préjugés ni parti pris. Bien des surprises et des bonheurs, dès lors, attendent le lecteur, des rivages anatoliens de la mer Noire au chaos des nouvelles républiques d'Arménie, de Géorgie et d'Abkhazie ; puis de Téhéran, caucasienne et caspienne, jusqu'à Yazd, l'une des plus anciennes cités du monde, d'où sont originaires la plupart des élites chiites de l'Iran théocratique. Avec pour boussole l'histoire des religions et des cent petites communautés qui constituent cet extraordinaire puzzle des confins, Alain Dugrand emporte son lecteur dans la réalité vécue du postcommunisme, rappelle des guerres oubliées, sillonne des paysages grandioses, dresse d'inoubliables portraits. Et, mine de rien, retourne le gant de la géopolitique, nous parle, tranquillement enfin, de peuples qui n'aspirent qu'à la paix et à la prospérité. Au terme de son aventure, Alain Dugrand nous rapproche de cette grande absente des médias occidentaux : les opinions publiques de l'Asie centrale.
1852 - Dans le choc des pronunciamentos et des révolutions mexicaines, les Barcelonnettes, ces colporteurs provençaux émigrés au bout du monde pour chercher fortune, entrecroisent leurs destins, s'aiment ou se haïssent. Valentin Charpenel, chercheur d'or en Californie, hors-la-loi, l'ambitieuse Jeanne Fortoul révolutionne l'art du commerce à Mexico ; Olivier Meyran, savant et journaliste, combat aux côtés du guerillero Benito Juarez avant de s'exiler à La Nouvelle-Orléans. Les héros de l'épisode précédent prennent leur revanche sur la pauvreté ; dans le deuxième volet de cette fresque, ils sont fidèles à leurs aïeux, bergers misérables, humbres aventuriers. Alors, les secrets du Mexique se dévoilent, avec la beauté de ses déserts, la profusion de sa nature et la grandeur de ses peuples. Il y a dans cet ouvrage fort bien documenté bien autre chose qu'une initiation à l'histoire. Un personnage, d'abord : Jeanne Fortoul, belle et romantique jeune femme qui, arrachée à l'exotisme quotidien de Mexico, s'en va danser la valse aux Tuileries dans une crinoline de chez Worth, avec la grâce d'une Parisienne... Et puis, l'évocation d'un monde disparu, aux chaudes couleurs et aux passions violentes, qui dépayse à merveille. Jean Prasteau, Le Figaro. Alain Dugrand est l'auteur d'une douzaine de romans et d'essais littéraires, dont le plus récent, Conrad, l'étrange bienfaiteur, est paru en 2003 chez Fayard. Anne Vallaeys a publié plusieurs documents et romans, dont Coup de Bambou (Payot, 1991), La mémoire du papillon (Flammarion, 1997) et Les Filles (Fayard, 2002).
· 1991
· 2007
Deux siècles après l'exode allemand de ses ancêtres huguenots, Maximilian Cherfils s'enfuit du Berlin des oriflammes et des autodafés. Il part, il retourne aux sources des siens, vers Fénigourd, vallée hérétique de Provence. On revient toujours chez soi. Entré dans la Résistance, il va découvrir une autre existence et, Allemand parmi les maquisards, combattre aux côtés de gens baroques, toujours prêts à en découdre. Car telle est la nature profonde des camisards du Désert, âpres et rugueux. Après la Libération, les combats apaisés, rien ne sera plus comme avant en vallée de Fénigourd. Mais la paix est une autre paire de manches. Les saisons passent, les beatniks et les punks aussi. Pourtant, les temps changent-ils vraiment ? Insurgés est le roman d'un peuple libre, de belle allure, qui ne sait vivre privé de son histoire et de ses livres... De toute manière, il reste toujours des forteresses à prendre.
· 2013
p align="justify">Récusant la publicité, dépourvu du soutien de tout parti, sans hiérarchie, salaire égal pour tous, Libération naît de l’ivresse de ses deux créateurs, Jean-Claude Vernier et Jean-René Huleu, en avril 1973. Il y a exactement quarante ans. En une, un appel : "Peuple, prends la parole et garde-la !". Il est signé, entre autres, par Foucault, Chevènement, Gainsbourg, Sollers, Moustaki et Sartre... Au prix de 0,50 F., la "feuille de choux" maoïste convaincra 40.000 lecteurs quotidiens six ans plus tard. Feuilleter les premiers Libé, c’est retrouver les exaspérations et l’utopie de Mai 68, les présidents Pompidou et Giscard, Maurice Druon de l’Académie, Georges Marchais et Michel Debré coiffé d’un entonnoir. Bernard Blier y confie son goût pour Molière, Marin Karmitz y raille les "petits-bourgeois de la Nouvelle Vague récupérés par le système" ; Jean-Luc Hennig y ferraille avec la censure pour s’opposer à la classification X des films pornos L’Arrière-train sifflera trois fois ou La Java des pompiers. Comptant parmi les 14 fondateurs de la SARL Libération en 1974, Alain Dugrand ne livre pas ici une biographie nostalgique, et encore moins un essai sociopolitique, mais un hommage à une culture "désirante" et antiautoritaire, et la drolatique histoire d’un quotidien qui affichait autrefois une fameuse pensée de Mao : "On a toujours raison de se révolter."