· 2020
Blessé de guerre en 1918, à l’âge de 21 ans, Joë Bousquet restera allongé jusqu’à la fin de ses jours avec un corps paralysé. Mort sans être mort, il n’a pas quitté sa chambre depuis une vingtaine d’années lorsqu’il commence à écrire "Traduit du silence". Journal intime ou, plus exactement, poème de sa vie intérieure, ce récit lui permet de «purger ses pensées» et de trouver un sentier dont il n’existait que l’idée. Le poète imagine de «contrécrire» pour mieux se connaître et parce qu’il a entrevu un monde «où on parlera sans avoir à rencontrer ces mots qui font saigner le temps». Écrire est pour lui «être déshabillé de sa propre présence» et «se rendre, au-dedans de soi, apte à créer l’ordre que l’on devra subir». En proie à une méditation incessante, sa pensée devient la chair d’un univers aux dimensions et profondeurs imprévues. Il crée une nouvelle géologie du corps qui ne progresse pas d’organe en organe mais de strate de pensée en strate de pensée. Rien n’arrête la pensée qui assimile même le silence: «Pour traduire le silence, il faut vivre au-delà de son propre silence, entendre et retenir toutes les voix qui se taisent en nous.» [...] «Je ne suis ni dans la littérature ni dans l’art. Pas même dans l’amour. Mais je suis dans un conte que mes semblables prennent pour la vie.»
· 2021
Questa silloge, al limite fra prosa e poesia, è un piccolo diamante puro di scrittura. Come in una ouverture riflette, nelle sue sfaccettature, le forme, i registri, i timbri, i ritmi che scandiranno l’opera in-finita di Joë Bousquet. Gli accenti delle voci multiple sono già reperibili in questa polifonia incontrollata composta di quattro testi. Alla meditazione dialogata sulla “strana” ambizione dello scrittore segue la leggenda che avvolge il ferito di guerra, infermo come Anfortas nel Graal, sospeso alle quotidiane dosi di oppio. C’è poi l’esordio di un racconto onirico, solo apparentemente allusivo, dei procedimenti surrealisti in auge. Il poeta di Carcassonne persegue l’indipendenza artistica, implicita nel suo omaggio a René Daumal, per fare affiorare dall’ombra e dal silenzio figure dell’amore che per lui, come per Éluard, è energia della lingua. La sua ragione poetica appella all’ascolto di parole attinte alle profondità in cui si raccoglie il dire silenzioso dall’essere.