· 2000
· 2014
C'est à un triple voyage - géographique, érotique et philosophique - que nous invite Lou, dont les aventures ne sont pas sans évoquer celles d'une autre Lou, Lou Andréas-Salomé. Parvenue aux portes de la mort, Lou note dans son journal : "Si je laisse errer mes pensées, je ne trouve personne. Le mieux, après tout, c'est la mort". Ce n'est pas faute pourtant d'avoir eu une existence mouvementée : elle a rencontré des hommes tels que Schopenhauer, Nietzsche, Freud ou Anatole France qui l'ont profondément impressionnée, mais elle a aussi appris que "les illusions tombent l'une après l'autre, comme les écorces d'un fruit ; et le fruit, c'est l'expérience. Sa saveur est amère". Divertissant et instructif, ce roman prétend aussi à l'édification des jeunes filles. Il espère les détourner de ce que la société considère comme leur mission la plus sacrée, la procréation, en leur montrant que la vie n'est pas seulement une déplorable faute de goût, mais une erreur funeste qu'il serait regrettable de perpétuer.
· 1985
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Il y a dans les écrits intimes une forme d'impudeur et de cruauté que je revendique et que les maîtres de la littérature japonaise ont portée à la perfection. J'espère n'avoir pas trop démérité en tentant de mettre mes pas dans les leurs. Mais même s'il n'y a là qu'un ratage désolant, qu'importe ? L'esthétique de la catastrophe en vaut d'autres et quand elle s'applique à nous-mêmes, elle est encore susceptible de nous arracher un sourire et d'inspirer un peu de tendresse à ces jeunes beautés photographiées par Slocombe, beautés que l'art n'égale jamais. Ne soyons pas dupes enfin du titre Sugar babies : si la représentation de la jeune fille est séduisante à l'extrême, sa réalité laisse un goût amer. On ne le regrettera pas. Les meilleurs bonbons sont fourrés au cyanure. R. J.
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· 1995
Analyse: Contient un chapitre sur Francis Giauque et une évocation de Henri-Frédéric Amiel.
· 2014
Tout écrivain qui tient un journal avec l'intention de le publier un jour peut souscrire à cette profession de foi : "Je jette ces pages à la face des gens timides, secrets, respectables et je leur dis : tenez, c'est moi - et je vous défie d'en faire autant, je vous défie de braquer le projecteur de la connaissance de soi-même sur les coins les plus secrets de votre vie et d'inviter alors quiconque à y jeter les yeux." Sans pudeur, sans pitié et sans complaisance Roland Jaccard relève le défi du journal intime, pages livrées sans retouche dans leur crudité et leur brutalité. Les dragues et les angoisses dessinent le portrait d'un séducteur désabusé, léger jusqu'au désespoir, d'un esthète cynique promenant son ennui de dîners en cinémas, mais surtout d'un homme qui contemple avec lucidité le spectacle de son époque.
· 2014
Roland Jaccard poursuit le cycle de son journal intime (L'Ame est un vaste pays, Des femmes disparaissent), auquel il donne une forme encore plus romanesque. Le narrateur - lui-même ? un double ? - s'éprend d'une jeune fille "moderne", rencontrée à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Elle l'entraînera dans une sorte de déchéance singulière dont seul, au final, un prodigieux narcissisme le protégera. Au passage, on aura croisé Fritz Zorn et Schopenhauer, Gabriel Matzneff et Cioran, l'absolu et le quotidien, le désespoir et le pur plaisir. Irritant, passionnant, le "ton" Jaccard rappelle celui de son compatriote helvétique, L.F. Amiel. Les amateurs du "diarisme" apprécieront ce livre bizarre, propice à la complicité qui rassemble tous les jeunes gens (de moins en moins jeunes) qui ne savent pas quoi faire de leur jeunesse (de plus en plus brève).
· 1987
Le Journal d'Amiel reste la plus étonnante tentative pour traquer inlassablement la vérité sur soi-même. Roland Jaccard a sélectionné dans les 17 000 pages du texte intégral les passages concernant particulièrement la «maladie» du journal intime.
· 2005
"Le temps d'une vie, avez-vous fait bon voyage ? -- Moins pire que je ne l'imaginais. -- A quoi l'attribuez-vous ? -- A l'amitié que Cioran m'a portée, à l'audace que ses livres m'ont donnée. Et à la compagnie de quelques jeunes filles venues d'Extrême-Orient pour adoucir l'amertume des jours et donner un peu plus d'intensité à la volupté de l'éphémère. -- Qu'attendez-vous encore ? -- Que vous me laissiez en paix." Voici en quelques lignes le ton général de ces pages désenchantées sur la vie, comment affronter la mort puisqu'il faut en finir avec la vie ? Une écriture en apparence frivole et indifférente, profondément grave.